Méditation du du jeudi Saint

Très chers paroissiennes, paroissiens
Je voudrais aujourd’hui commencer ma méditation par souligner l’élément émotionnel de ce Triduum pascal que nous démarrons en ce Jeudi Saint sans célébration. Cependant même si la situation actuelle fait que nous restons confinés, notre Seigneur, Lui, ne l’est pas. Il nous permet d’ailleurs et comme toujours à travers la communion d’esprit et de cœur de réentendre, ensemble, les dernières recommandations, de reprendre les derniers gestes, bref de revivre les derniers moments sur terre de celui qui est mort en mémoire de moi » Et je voudrais, chers paroissiens, vous inviter à méditer sur ce geste et cette parole.
Laver les pieds à quelqu’un signifie sur le plan existentiel accepter de se salir les mains avec la faiblesse de la personne. Les pieds sont en effet, l’endroit pour nous : le Christ Jésus.
En ces moments chargés d’émotion, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pieuse pour toutes les personnes qui sont en fin de vie, toutes celles qui sont isolées et privées de visite et à toutes ces familles éplorées qui ont perdu un être cher et ne peuvent l’accompagner.
En parcourant notre monde actuel soit par téléphone, ou de ma fenêtre, en lien avec les textes que la liturgie nous propose en ce jour, j’ai fixé mon regard sur un geste de Jésus « le lavement des pieds » et sur une parole du même Jésus « faites cela du corps qui est en contact avec la terre, avec la poussière de notre existence. Les pieds sont cette partie qui nous relie le plus à notre humanité foncière, au « Adam » qui est en nous, cet homme terreux, boueux et si souvent soumis à la tentation.
En lavant les pieds à ses disciples, le Christ nous invite alors à grandir en amour en aimant notre prochain non pas uniquement dans ce qu’il y a de plus beau en lui mais aussi et principalement au cœur de sa fragilité c’est-à-dire à le rejoindre au fond, là ou lui-même pourrait probablement avoir du mal à s’accueillir, à s’aimer, à se pardonner.
Ce geste du lavement des pieds et en définitive une invite de notre Seigneur à nous revisiter et à nous interroger sur nos relations avec les autres. Je sais qu’en ce temps d’épidémie et de confinement, nombreux et beaux, en plus de ce qui existait déjà, sont les gestes de solidarité et d’entraide qui été suscités et je vous en félicite grandement. Mais ces gestes, seront-ils une action d’un moment, celui de l’épidémie, ou de toujours ? « Faites cela en mémoire de moi », qu’en sera-t-il pour chacune et chacun de nous ?

Père Zacharie