Méditation du 3ième dimanche de Pâques

Ce passage biblique sur les disciples d’Emmaüs illustre éloquemment la grande désolation qui s’est abattue après la mort de Jésus. Le Christ est mort, tout est fini. Il faut maintenant repartir chacun chez soi et reprendre son ancien métier. Ce qui pouvait paraître frustrant voire humiliant pour ces adultes qui avaient fixé leur espoir sur un homme et avaient tout quitté pour lui. Toute l’histoire chrétienne venait de basculer. Les disciples originaires d’Emmaüs rentrent chez eux en cette après midi de désespoir. Les voila qui discutent essayant de se souvenir des bons vécus avec le Christ mais surtout des belles paroles qui leur ont été dites cherchant celles sur lesquelles il faut désormais s’accrocher. Et plus les kilomètres se succèdent, plus cette relecture des événements passés les attriste, les enferme et les empêche de s’ouvrir à tout témoignage.

Ils ont quitté la ville sainte. Ils ne comprennent pas ce qu’il leur est arrivé. Il y a chez eux de l’incrédulité, de la tristesse, de l’aveuglement. Ils sont aussi bouleversés, reconnaissent-ils. Ils sont là, marchant sur la route de leur vie avec tant de questions restées sans réponse. Ils s’en retournent d’où ils venaient. Et c’est à ce moment précis que le Christ se manifeste.

C’est de cette manière que le christ nous rejoint dans notre quotidien. Il vient marcher à nos côtés. Tout comme les disciples d’Emmaüs, il nous prend tels que nous sommes, là où nous en sommes sur notre chemin de vie. Il accepte nos interrogations, nos incompréhensions face à ce que nous sommes en train de vivre. Il ne craint pas nos colères mais les accueille car elles font pleinement partie de ce que nous sommes occupés à traverser. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? Lorsque nous sommes touchés par la douleur de la séparation, par la maladie qui vient s’inscrire dans notre histoire alors que nous n’avions rien demandé, nous nous sentons souvent bien seuls au plus profond de notre détresse. Il y a tant d’interrogations qui restent sans réponse. Et nous restons là avec notre propre souffrance, même si nous nous sentons soutenus par tant de gestes de tendresse et d’amitié. Au fond de nous, le voile de notre temple intérieur s’est déchiré. Il y fait mal et les larmes existent pour nous permettre de retrouver une certaine paix intérieure. Ne craignons pas nos émotions. Acceptons-les, vivons-les parce que c’est à ce moment très précis que le Christ vient nous prendre par la main à celles et ceux qui se sont faits proches de nous. Il est à nos côtés et entend nos interrogations. Il porte toute notre fragilité sur ses épaules tout en marchant avec nous. Il nous invite à venir déposer en lui, dans le champ de notre méditation intérieure, tout ce qui nous dépasse afin de nous permettre d’entrer plus profondément encore dans le mystère de la Vie. Tournons-nous vers lui et surtout ne craignons pas de lui partager tout ce qui nous habite. Il. prend tout avec lui et cherche à nous alléger en choisissant de marcher à nos côtés.

Que cette confiance et cette espérance nous désaveuglent pour que nous puissions percevoir toute la richesse de sa divinité au cœur même de notre humanité.

Père Zacharie