Méditation du 2ième dimanche de Pâques

Paroissiennes, paroissiens,
Nous sommes aujourd’hui le 2e dimanche de Pâques. Et chaque année, à cette distance du jour de la résurrection, la liturgie nous invite souvent à réentendre l’évangile de l’apparition du Seigneur aux 12 et son dialogue avec Thomas.
En effet, en lisant la passion, le vendredi saint, nous avons dû nous indigner de l’attitude des apôtres, pourtant fidèles compagnons du Christ : parmi eux certains l’ont trahi, d’autres renié, bref ils l’ont laissé seul face à la violence et à la mort parce qu’ils ont eu peur pour leur avenir et leur peau.
Aujourd’hui on pourrait alors imaginer le Christ rejoignant ses amis avec des propos virulents leur reprochant leur manque de foi, leur infidélité pour lui avoir tourné le dos pendant les moments les plus cruciaux de leur vie de groupe. Mais Jésus se préoccupe plutôt de pacifier leur cœur. Il se soucie de relever le front de ses disciples, baissé par le poids de la honte et demande pour eux la paix. C’est cette attitude surprenante, à nos vues humaines, qui a donné son nom à ce dimanche : DIMANCHE DE LA MISERICORDE. Par une parole, Jésus rétablit l’ambiance et la confiance au sein du groupe.
Le confinement que nous vivons en cette période d’épidémie est certes nécessaire pour notre santé et celle des autres mais il est aussi cause de conflits et parfois même de séparation L’usage d’une parole qui évoque la paix et tous ses attributs est alors importante. Une parole pleine de saveur, de tendresse et où coule une sève de paix et de miséricorde, redonne toujours vie tout en renforçant les liens. A la suite de Jésus, si au quotidien nous soufflions autour de nous de ces mots-là, que ceux qui les entendent en soient non renversés, mais emplis de souffle à leur tour.
L’autre élément qui pourrait attirer notre attention dans cette page d’évangile, c’est l’attitude de Thomas. Voilà un comportement blâmable puisque Thomas lui-même s’entendra reprocher par Jésus ce manque de confiance dans la foi. Mais si dans la foi de Thomas il y a une imperfection, il y a aussi une attitude humainement respectable. Thomas l’incrédule nous enseigne à ne pas être très vite crédules et à ne pas donner sa foi à n’importe quel discours ou témoignage. On ne croit pas simplement parce que les autres l’ont dit. Nous croyons parce que nous percevons la présence vivante et agissante du Christ dans nos vies et dans le monde. Cet épisode nous dit que la foi ne naît pas d’évidences mais d’amour. On croit parce qu’on aime ; et l’amour ne se nourrit pas seulement de preuves mais d’épreuves aussi.
L’histoire de Thomas devient ainsi la nôtre. Thomas dont le nom signifie « jumeau » n’est en réalité le frère d’un quelconque frère de sang ; il est plutôt notre jumeau dans la foi, l’incrédulité et le doute. Il est une partie de chacun de nous en tant que croyant.
Rendons visible le Christ par la transparence de notre témoignage de foi, par la valeur de nos services et la ferveur de nos prières. Ainsi nous laisserons derrière nous ce qui assombrit notre foi pour oser reprendre le cri de l’apôtre Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu »

Père Zacharie